Le plateau Saint-Jean se trouve sur la commune de Beuil-Les-Launes.
Une jolie promenade facile à faire du parking des Launes à coté de la Chapelle Sainte-Anne.
Un sentier monte régulièrement sur le petit hameau de Bergians.
Continuez sur la droite sur le chemin de terre.
Vous arriverez vite sur une première partie plate.
Ensuite une nouvelle petite montée jusqu’au plateau.
Vous pourrez apercevoir la chapelle Saint Jean-Baptiste sur votre gauche.
La vue y est de toute beauté.
Si vous êtes courageux et que vous faites cette randonnée au lever du jour, vous pourrez admirer les superbes lever du jour et apercevoir la faune sauvage, à respecter sans bruit.
Tout au long du trajet vous pourrez admirer la fierté de notre région, le Mont Mounier.
Le Mont Mounier – Texte par Dominique Allemand – vibrebeuil.com
Hymne à notre belle montagne.
« Le Mont Mounier veille le village de Beuil.
C’est une petite excroissance géologique sur une vaste planète, mais au regard des fourmis éphémères que nous sommes, l’espèce humaine, c’est une montagne intemporelle, un sommet envoûtant. Cette sommité est quelquefois sujette aux aspirations de l’écume du vent sur la neige ; à d’autres moments, elle est immergée dans une mer de nuages turbulents, ou plus fréquemment encore, à la faveur de la nuit, tendrement veillée par une danse étoilée. Mais c’est surtout, lorsqu’elle se voit pleinement ou même lorsqu’on la devine seulement, une présence imposante, incontournable et bienveillante sur le village de Beuil.
On ne peut d’ailleurs dissocier l’un de l’autre, car lorsque le village se dessine à son approche, elle est là, déterminante dans le regard, proposant cette couronne faite de marne et de calcaire au-dessus des habitations perchées comme pour nous rappeler le parangon, possiblement, sur lequel l’édification du village s’est inspirée.
Un mimétisme troublant, tant la silhouette du village fait écho aux contours naturels du Mounier. Une pente douce à l’ouest, annonçant un sommet culminant qui s’évanouit dans une pente forte à l’est. S’agissait-t-il, originellement, d’une intention inconsciente, entretenue avec le temps par les Beuillois, de signifier aux visiteurs que la force, la puissance et la beauté de ce village sont empruntées à cette montagne ? En creusant plus encore le sillon de cette inspiration potentielle, une apparente similitude fait également jour dans l’enchevêtrement intérieur, qui pour le Mounier est fait de combes, de dolines, de dépressions, de plateaux, de dolomites alors que le village est fait d’alcôves, de balcons, de chemins étroits, de logements et de placettes.
La comparaison architecturale peut être sujette à prospectives, mais l’épanouissement de la vie, lui, est évident. Une vie abondante, riche et inspirée, sujette aux éléments marquants, le froid, le vent, la neige et le rayonnement du soleil. Des manifestations météorologiques incontrôlables et souvent impromptues, qui rythment la vie dans son expression. Les vivants, humains ou non, s’adaptent, ainsi, selon les saisons, aux pires comme aux meilleurs auspices avec une constante saisonnière. L’effervescence au printemps, la transhumance l’été, la préparation en automne et la modération en hiver. Le génie de cette acclimatation s’exprime également au travers de caractères empruntés par les habitants du village aux habitants du Mounier. Par leur vivacité, cette capacité à reprendre énergiquement le cours de leur existence, de sortir d’un hivernage forcé, devant la moindre opportunité, le moindre rayon de soleil. Par cette faculté de résilience, cette accommodation modeste et efficace aux assauts extérieurs, qu’ils viennent du ciel ou de la terre. Enfin, par l’expression festive de la vie, faite de couleurs et de senteurs pour les uns, faite de rires et de danses pour les autres, toutes propices à l’éclat, au rayonnement et à l’envoûtement des observateurs. Tout comme le village, le Mounier est une forteresse et offre sa protection aux grands funambules à cornes, qui arpentent si aisément les aspérités de la roche sur des rails dont eux seuls connaissent l’existence. Les habitants de Beuil, eux aussi, ont élaboré des chemins escarpés imprenables, complexes, faits d’escaliers, de passages dérobés et de cachettes dont eux seuls ont le secret. Le Mounier propose sur ses flancs, selon leur exposition et la saisonnalité, des prairies nourricières. Le village a prospéré sur une agriculture orientée sur des pentes similaires, profitant à la croissance des végétaux, et s’accordant avec cette brève mais intense capacité de fructifier. Le Mounier est doté d’espaces de repos et de rencontres pour les tribus à doigts, à ongles et à pelotes, alors que le village est pourvu de placettes et de bancs propices au dialogue de la tribu à pieds, à pattes, avec ou sans sabots, prédisposant la même volonté relationnelle indispensable à la vie.
Le Mounier est un conservatoire de l’histoire locale, il est le témoin de souvenirs très anciens dont il garde les stigmates archéologiques. Il consigne, à la manière d’un scribe, les traces d’une présence-absence, d’un passé qui surgit au présent pour qui sait le lire. Le village n’est pas en reste d’enregistrements du passé, un passé plus récent certes, qui se révèle, à qui cherche à le décrypter, dans ses fondations, dans ses traditions, dans ses contes oraux et dans ses histoires de famille.
L’histoire commune entre le village et cette montagne qui le domine naturellement, n’a pas toujours été consensuelle, souvent la source de convoitises, de défis, de massacres, d’aspirations et de fantasmes. Le déboisement, pour satisfaire les besoins de chauffage, de construction de navires et d’habitats du temps d’un comté de Beuil régnant sur la région. La chasse déraisonnée, pour satisfaire les besoins copieux des seigneurs en nourriture et en plaisirs morbides. La conquête arbitraire pour satisfaire les besoins d’artificialisation, de curiosité et de domination humaine, allant jusqu’à porter la technologie du téléphone à fil au sommet. Pourtant, malgré ces infractions au code du permis de vivre, le Mounier a toujours été bienveillant, abreuvant le village d’une eau pure et abondante, et découvrant fidèlement sa beauté, indissociable du village.
Fort heureusement, les Beuillois ont compris, avec le temps, la richesse de cet ami imposant. Il ne pouvait en être autrement, tant le lien vital entre le Mounier et le village est intense. Dorénavant, il est protégé et choyé. Ils l’ont inscrit dans ce vaste asile qu’est le parc du Mercantour permettant à la vie forestière de repartir à la conquête du sommet. Ils ont réintroduit les espèces animales anciennement décimées, favorisant ainsi le retour d’autres espèces à même, de nouveau, de prospérer et enfin, ils ont non seulement abandonné l’artificialisation mais plus encore, ils ont cherché à améliorer ses qualités naturelles si propice à une vie d’exception.
Ce regard nouveau, ce récit récent entre ces deux cités, entre ces deux forteresses, est un exemple à suivre. Une prospérité commune, une intégration parfaite entre modernes et sauvages qui pourraient inspirer le reste du monde. «
Ci-dessous une vidéo d’archives réalisée en 2019